L'Éloquence inimitable du Coran
Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Que la prière et bénédiction soient sur son messager, Mohammad, le dernier des prophètes. amen
Les preuves de l'origine divin du Coran sont nombreuses. Parmi ces preuves se trouves son éloquence inimitable.
Le grand défi pour les élites de la langue arabe
À l'époque du Prophète Mohammad, les arabes étaient le peuple les plus éloquent, ils se vantaient de ce prestige qu'aucun autres peuples ne peu les surpassé dans ce domaine. L'âge d'or de
l'éloquence arabe, où la langue atteignait l'apogée de sa pureté et de sa force, et où les titres d'honneur étaient décernés solennellement aux poètes et orateurs dans des concours annuels, Sept
Poèmes dorés et suspendus sur la porte d'Al-Kaaba. Les oeuvres littéraires créées par les poètes et les romanciers éloquents étaient fascinantes et se caractérisaient par une attraction reflétant
cette fascination. La littérature était l'apanage de la classe sociale supérieure. L'apparition de la révélation coranique a balayé les Sept Poèmes et toutes les oreilles se prêtassent à cette
merveille de l'expression arabe.
Lors de la révélation du Coran le peuple arabe fut confronté à un nouveau langage qui n'était ni de la poésie ni de la prose. Car le ton du Coran, plus attirant que la poésie et plus expressif,
plus éloquent que la prose pénétrait aux tréfonds de l'âme et bouleversait son auditeur. Ce langage différait d'une façon fondamentale du langage du temps au niveau de la suprématie des concepts,
de la pureté, de la beauté du style et de l'exposé de signification précises dans une forme très vivante.
Pour nous francophones, appréhender cette éloquence de la façon où les arabophones l'apprécient n'est certes pas possible. Des récits de l'époque du Prophète racontent cependant de nombreuses
occasions où des Arabes, même ennemis acharnés de Muhammad et de son message, restaient sans voix après avoir entendu la récitation du Coran, charmés par son éloquence et par la cadence de ses
versets.
L'éloquence inimitable du Coran
L'éloquence du Coran est incomparable ; elle ne rentre dans aucune des catégories connues de l'éloquence arabe, Balagha, mot qui s'applique à l'expression saisissante d'une idée, dans un langage
qui est en harmonie parfaite avec ce qu'on veut exprimer : plus l'expression est noble, élégante, et expressive, plus l'éloquence de l'écrivain sera grande. La sublimité du style du Coran se
prouve de plusieurs manières :
1°. L'éloquence arabe consiste surtout dans les descriptions de la nature visible, de la femme, des animaux, d'un
combat, d'un voyage ; il en est de même de la poésie et de l'éloquence des autres nations. En s'appliquant avec assiduité, on peut, si on a de l'intelligence et du goût, arriver à un degré assez
élevé dans ces genres de composition. Mais l'éloquence du Coran ne consiste pas dans la description de ces choses ; elle n'est donc pas empruntée aux Arabes, et on ne devait y trouver aucun des
tours considérés par les Arabes comme élégants.
2°. Dieu, que son nom soit glorifié, a toujours gardé dans le Coran, la plus scrupuleuse exactitude ; or tout poète qui
se tient à la réalité et n'accorde rien à l'imagination, perd tout son mérite. C'est à cause de cela qu'on a dit quels meilleurs poètes étaient ceux qui mentaient le plus. On sait que lorsque les
deux poètes idolâtres, Labid ben Rabi'a et Hassan ben Thabet, se furent convertis à l'Islam, leurs poésies perdirent beaucoup de leur valeur. Le Coran, au contraire, est éloquent sans rien
accorder au mensonge ni à l'imagination.
3°. Dans un poème (Qassida), on ne trouve généralement que deux ou trois passages vraiment beaux et supérieurs à tout le
reste. Dans le Coran, au contraire, malgré son étendue, le tout est d'une beauté, d'une éloquence qui dépasse toutes les capacités humaines ; l'histoire de Joseph, par exemple, malgré sa
longueur, est un morceau de la plus haute éloquence d'un bout à l'autre.
4°. Les poètes et les orateurs ne réussissent jamais à traiter deux fois le même sujet avec une égale supériorité ; dans
le Coran, les récits relatifs aux prophètes, les descriptions de la résurection, des attributs divins, les préceptes, se répètent tout en offrant des beautés toujours nouvelles et d’une égale
excellence.
5°. Le Coran se borne à prescrire des lois, à défendre certaines choses, à recommander la pratique de la vertu, le
renoncement au monde matériel, et autres sujets qui se prêtent peu à l'éloquence ; il serait impossible à un poète, ou à un écrivain, d'exposer avec une éloquence supérieure des règles de
jurisprudence, par exemple, ou des articles de foi, en y épuisant toutes les ressources de la rhétorique.
6°. Tout poète n'est vraiment supérieur qu'en un seul genre. On a dit qu'Amru-ulqaïs est beau dans la joie, quand il
parle des femmes ou des chevaux ; Nabigha exprime supérieurement la terreur ; EI¬A'scha la demande et les louanges du vin ; Zoheïr l'espérance et le désir. Quant aux poètes persans, on a dit que
Nizamy et Firdoussi étaient supérieurs dans les descriptions de batailles, Saady dans la poésie érotique, Anouary dans la Quassida. Le Coran atteint l'excellence dans tous les genres, soit qu'il
promette, soit qu'il menace, soit qu'il exhorte. Je donnerai ici quelques exemples de son éloquence :
- La promesse : Traduction relative et rapprochée « Aucun être ne sait ce qu'on a réservé pour eux comme réjouissance pour
les yeux, en récompense de ce qu'ils œuvraient! » (Sourate 32 : verset 17).
-La menace : Traduction relative et rapprochée « Les œuvres de ceux qui ont mécru en leur Seigneur sont comparables à de la
cendre violemment frappée par le vent, dans un jour de tempête. Ils ne tireront aucun profit de ce qu'ils ont acquis. C'est cela l'égarement profond. » Sourate 14 : verset 18
-Le reproche et la réprimande : Traduction relative et rapprochée
« Nous saisîmes donc chacun pour son péché: Il y en eut sur qui Nous envoyâmes un ouragan; il y en eut que le Cri saisit; il y en eut que Nous fîmes engloutir par
la terre; et il y en eut que Nous noyâmes. Cependant, Allah n'est pas tel à leur faire du tort; mais ils ont fait du tort à eux-mêmes. » (Sourate 9: verset 40).
-L'avertissement : Traduction relative et rapprochée « Ceux qui ont commis le crime seront atteints d'un rapetissement
auprès d'Allah ainsi que d'un supplice sévère pour les ruses qu'ils tramaient. » Sourate 6 : 124.
-La métaphysique : Traduction relative et rapprochée « Allah sait ce que porte chaque femelle, et de combien la période de
gestation dans la matrice est écourtée ou prolongée. Et toute chose a auprès de Lui sa mesure. Le Connaisseur de ce qui est caché et de ce qui est apparent, Le Grand, Le Sublime. » Sourate
13 : verset 8-9.
7°. Dans les transitions d'un sujet a l'autre, ou dans l'exposition d'un sujet complexe, il est impossible de soutenir
le discours dans les hautes sphères de l'éloquence ; dans le Coran, on passe d'un récit à l'autre ; on prescrit, on raconte, on menace, on promet, on démontre, sans confusion, sans interruption
dans la liaison des idées, et avec une sublimité d'expression si soutenue que les plus grands maîtres de l'éloquence arabe en sont frappés d'étonnement.
8°. Le Coran renferme dans quelques mots, les propositions profondes et compliquées : on en voit exemple admirable dans
la sourate (Sâd) Traduction relative et rapprochée « Ou bien détiennent-ils les trésors de la miséricorde de ton Seigneur,
le Puissant, le Dispensateur par excellence. Ou bien ont-ils le royaume des cieux et de la terre et de ce qui existe entre eux? Eh bien, qu'ils y montent par n'importe quel moyen! »
Sourate 38 : 9-10 En quelques versets, Dieu expose les passions qui agitent les infidèles et les châtiments qui les attendent, les crimes et les châtiments des peuples antérieurs, l’histoire de
David, de Salomon, de Job, d’Abraham, de Jacob, le tout avec une concision qui n’ôte rien à la perfection des détails. Cette autre parole du Coran : Traduction
relative et rapprochée « C'est dans le talion (l'exécution du meurtrier) que vous aurez la préservation de la vie, » Sourate 2 : verset 179 Quelle
est belle dans sa concision! Ce parallélisme établi entre le talion et la vie, et ce tour heureux qui du talion de la mort fait résulter la vie, sont certainement admirables. Les Arabes avaient
sur le même sujet des sentences telles que celles-ci : "L'exécution de quelques-uns est la vie de tous". "Tuez beaucoup afin qu'on tue peu". "Rien ne prévient le tuer autant que le tuer",
c'est-à-dire rien ne prévient les meurtres autant que l'exécution immédiate des meurtriers. De toutes ces sentences, la plus belle est assurément la dernière, et pourtant celle du Coran est
encore plus belle :
1° parce qu'elle est plus concise ;
2° parce qu'elle est de beaucoup plus précise ;
3° parce qu'elle n'offre pas la répétition du même mot ;
4° parce qu'elle a un sens plus étendu ;
5° parce qu'elle s'applique seulement aux exécutions légales, ayant pour but le châtiment d'un coupable. De même, ces paroles du Coran, Traduction relative et
rapprochée «Et quiconque obéit à Allah et à Son messager, et craint Allah et Le redoute... alors, voilà ceux qui récoltent le succès » Sourate 24 : verset 52 C'est-à-dire ceux qui
obtiendront la vie éternelle, contiennent dans leur concision, toute la règle de la vie. On raconte que ‘Omar Ibn Al-Khattab s'étant endormi une fois dans le Temple, fut éveillé par un homme qui
prononçait à haute voix la profession de foi musulmane. C'était un prélat grec, qui connaissait la langue arabe. « J'ai entendu, dit-il au Calife, un prisonnier musulman réciter un verset de
votre livre, qui contient en lui-même toutes les révélations faites à Jésus Christ, pour acquérir la perfection dans ce monde et le salut dans l'autre ; c'est le verset qui dit : « Quiconque obéit à Dieu », (comme ci-dessus). On raconte aussi qu'un médecin chrétien fort habile demanda un jour à Husseïn ben Ali ben Alwaqqad, « Pourquoi n'y a-t-il
rien dans votre livre touchant la médecine ? Cependant la médecine des corps est tout aussi importante que la médecine de l'âme ». « Si fait, dit Husseïn, Dieu a résumé toute la science médicale
dans un demi verset ». « Lequel ? » demanda le médecin. « C'est le suivant : Traduction relative et rapprochée «Et mangez
et buvez; et ne commettez pas d'excès, car Il (Allah) n'aime pas ceux qui commettent des excès. » Sourate 7 : 31 « Votre Prophète », demanda le médecin, « a-t-il aussi dit quelque chose
touchant la médecine ? » « Oui », répondit Husseïn, « notre Prophète a résumé toute la médecine en quelques mots » : « L'estomac est le siège des maladies, la diète le premier de tous les
traitements, et le corps doit être traité selon ce à quoi il est habitué ». « Il faut avouer, dit le médecin, que votre livre et votre Prophète n'ont rien laissé à Galien ».
9°. La faconde et la douceur sont deux qualités qui se rencontrent rarement réunies dans les longues compositions des
grands maîtres ; elles le sont partout dans le Coran, ce qui démontre l'excellence de sa composition.
10°. Le Coran contient toutes les beautés de l'éloquence dans ses affirmations, dans ses comparaisons, dans ses
métaphores, dans ses exordes, dans les transitions, dans les inversions. On n'y trouve point d'expressions faibles ou triviales, point de mots inusités, point d'irrégularités de construction.
J'ai démontré par dix raisons, que le Coran a atteint l'éloquence la plus parfaite, celle qu'il est impossible à l'homme d'atteindre ; et ces beautés, on les goûte et on les apprécie d'autant
plus qu'on est mieux versé dans la connaissance des finesses de la langue arabe et de ce qui fait le prix de son éloquence.
Source: Manifestation de la vérité par Rahmatoullah Al-hindi page 249 à 255 Editions IQRA